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Là où me mènent mes pas
17 février 2012

Regression salutaire

Un petit muret en pierres jointées, grisé par le temps ;  De grands marroniers rangés comme des enfants sages ;   Une belle bâtisse en pierre avec de grandes fenêtre ; Quelques marches et au dessus du Péron, quelques lettres gravées dans la pierre:

 

ECOLE DE FILLES

 

Ecole Primaire Publique d'un village du BERRY,  où n'étaient scolarisées que des filles et où l'enseignement n'était assuré que par des " Madames ", voire des "Mademoiselles" ayant quelques années d'exercice derrière elle, l' uniforme n' était pas de rigueur mais la blouse obligatoire.

 

Dans le grand Hall, de part et d'autre de la large porte donnant sur la cours, des éviers en céramique blanche et, à chacun des robinets muraux d'eau froide, notre allié, le savon ovale et jaune qui se penchait vers nous, bienveillant et garant de la propreté vérifiée de nos mains.

Deux couloirs, baignés de lumière  se répondaient en miroir

A droite, les deux classes de  CM1 et CE2 ; A Gauche, celles de CP et CM2.

Et le CE1, me direz-vous ? ......... Pour s'y rendre, il fallait descendre calmement et sans courir un large escalier et  traverser la cours goudronnée décorée  de marelles éphémères, qui aux mois les plus chauds, se réfugiaient sous le feuillage protecteur des marroniers. 

Hormis ce détail géographiqe, elle n'avait rien de différent des autres classes:

Le bureau de la maîtresse juché sur une estrade dominait l'ensemble des tables et des bancs rangés, au centimètre près, les uns derrière les autres. Le vernis recouvrant le bois blond, avait fini par s'user et laissait place, par endroit,  à une belle patine réalisée par le frottement régulier des manches  des générations d'élèves avant moi. Eux comme moi, n'avions conscience de notre modeste participation à marquer le temps de notre empreinte.  

Derrière le bureau, le tableau noir, support du savoir à transmettre.

J 'entends encore le bruit qu'y faisait la règle de bois en scandant l'alphabet au CP. J'entends encore le frottement de la craie qui laissait apparaitre en écriture cursive l'énoncé du problème du CE2. J'entends encore le souffle de la brosse de laquelle tombait cette poussière fine et blanche, si caractéristique.

Parfois le grand tableau noir devenait triptyque angoissant quand, lors des auto-dictées, en CM2, la maîtresse refermait les deux battants. C'est alors que nous apparaissait La France ou  Le Monde, imprimés sur de lourdes cartes de Géographie suspendues au mur. Comment s'appelait donc ce pays caché derrière la grande équerre jaune qui servait à tracer sur le tableau d'immenses perpendiculaires ?  Cette question était rapidement chassée par le regard réprobateur de Madame LARDEAU qui allait d'un instant à l'autre faire apparaître la correction.

Les journée s'écoulaient dans des classes calmes au rythme du calcul et des exercices de grammaire ou de conjugaison. Ce n'était pas le temps des "SVT", non, c'était le temps des "Leçons de choses".... ni le temps des "Evaluations" mais celui des "Compositions écrites". C'était aussi  le temps des Bons-Points que la maîtresse nous échangeait contre une image lorsque nous en avions reçu 10...... C'était le temps où l'on récitait Colette ou Victor Hugo. C'était le temps où on écrivait au stylo Bic jusqu'en CM2, classe où, solennellement, notre maîtresse et directrice de l'école, nous faisait choisir la couleur de notre stylo-plume Waterman : jaune ou gris. Déjà, à cette époque, je devais exécrer la première et chérir la seconde puisque mon choix s'était porté sur la couleur qui est encore, à ce jour, ma préférée. Ce n' était pas le temps de l'EPS ....... C'était le temps de la gymnastique.....

Ahhhh..... La gymnastique ..... Et quelle gymnastique !!!!!

Derrière le préau,  sur un espace herbeux, vêtues d'un tee-shirt Blanc, d'un short bleu marine, de chaussettes et de tennis de toile blanche, nous nous déplacions en ronde ou serpentins, effectuions divers bonds, entrechats et pas chassés au rythme du tambourin tenu par notre maîtresse, qui, pour l'occasion, avait quitté sa blouse immaculée.... de maîtresse. Les séances étaient rares et nous les vivions comme une suprême récompense. 

De ces années, j'ai appris la rigueur et l'amour du travail bien fait et pour cela, je remercie de tout coeur celles qui auront marqué mes jeunes années

Melle Jouhannet (CP), Mme  ?  (CE1), Melle PROT ( CE2), Mme DEMIGNE (CM1), Mme LARDEAU (CM2)

CM1 Nath

 

Tous les jours, je me rendais avec bonheur dans ce lieu magique qu'était mon école où ma soif d'apprendre était comblée. 

Tous les jours sauf ce jour de 1974 où je vécus  mon seul, mon unique grand traumatisme scolaire

Un    

pour une broderie non rendue à temps.

Un    0

pour un marquoir inachevée.

Un    0

pour une activité qui me paraissait tellement éloignée de ce qu'on devait apprendre à l'école ....

Une honte cuisante devant toutes mes camarades de classe !!!!! 

37 ans après, je m'en souviens encore comme si c'était hier .....

Et 37 ans après, je me souviens de ma maîtresse de CM1, que j'avais trouvé si injuste à l'époque alors que je l'aimais beaucoup.

Alors, 37 ans après, j'ai sorti mon Lin Blanc et ma Lugana blanche.

Et puis, 37 ans après, j'ai sorti mon échevette de DMC 498.

Et puis, 37 ans après, j'ai ouvert "Les Marquoirs d'Ecole " de Muriel Brunet et Françoise Rtiz

Et enfin,  37 ans après, je me suis mise à Pointecroiter à tour d'aiguille

Pointecroiter toujours et encore, croix après croix, marquoirs après marquoirs ....

P1120493

Emma, Lucie, Juliette, Célestine, Marguerite,Elisabeth,

Petits Marquoirs au nom de mes illustres aïeulles

P1120502   P1120494

Et puis le mien ..... celui de mes 9 ans

Juste pour que la Boucle soit bouclée.

P1120496 P1120498  P1120505 P1120497

Ahhhh, elle aurait été fière de moi

Madame DEMIGNE, ma maîtresse de CM1 

♥  ♥  ♥

N.B. A toutes les mamans qui me lisent : " Gardez bien précieusement les cahiers de vos chers petits ..... un jour, quand vous leur remettrez, cela fera ... peut-être .... je dis bien .... peut-être, ressurgir de merveilleux souvenirs

Merci Maman d'avoir gardé les miens !

♥  ♥  ♥

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Commentaires
E
Quel récit si poétique et nostalgique. Je l'ai même relu 3 fois. J'aimerai passer la tête à travers ce récit et revivre cette période si pleine d'innocence où les cours de couture, les jeux de billes et de marelle étaient le quotidien. Mmmmh, nostalgie.... Bravo pour ce billet si doux qui nous rappelle de si bons souvenirs d'enfance... Merci bcp.
C
quel billet empli de nostalgie, de souvenirs et de poésie... vos marquoirs st de tte beauté et quelle leçon vs donnez a votre institutrice.... merci vraiment
G
L'estrade, le tableau noir... Cette description retraçant si parfaitement l'atmosphère de notre enfance m'a fait quelques instants me souvenir de tous ces moments. Hélas ! de mon école il ne reste plus que des ruines, quelques murs envahis par le lierre et les herbes folles. <br /> <br /> Gwladys.
T
Trop émouvant ton billet de souvenirs qui réveille le temps de l'enfance et efface les déceptions en accomplissant cet ultime ouvrage de patience et de nostalgie!<br /> <br /> Bisou<br /> <br /> Annick
E
C'est pas joli joli de faire pleurer notre Célestine...<br /> <br /> Tu as des souvenirs parfaitement conservés. Les miens sont plus flous (l'âge sans doute...).<br /> <br /> En tout cas, c'était drôlement agréable de lire ces lignes.<br /> <br /> Et tes marquoirs sont parfaits.<br /> <br /> Bises.<br /> <br /> <br /> <br /> Elvézia
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